Parlez moi Hypnose
On a vu que toute hypnose est auto-hypnose quand nous entrons et sortons d’une transe (les automatismes) en faisant les choses sans penser (automatiquement) ou quand on entre dans des transes induites au cours de la vision d’un film, d’une rencontre, fasciné par une autre personne, la lecture d’un livre, un concert, le regard d’un bébé, d’un chat, l’odeur d’une fleur… Ces moments qui sont en fait privilégiés puisqu’ils nous font oublier un temps le contrôle, la prise de décision, l’action de réfléchir, d’agir.
Je pense donc je suis
Quand Descartes dit : « Je pense donc je suis », on veut lui répondre: je pense donc je pense. Il faut exister pour penser certes, mais on peut être sans penser, en tout cas pendant quelques instants. Etre, c’est aussi respirer, sentir, toucher, être ailleurs, être a la fois ici et ailleurs, être sans penser, juste être comme le Bouddha énigmatique. Le fait d’être est en soi tout un programme et peut incorporer le fait de penser-ou pas.
Dans ce no wo/man’s land se trouve l’état hypnotique, un peu méditatif, un peu contemplatif, un peu ailleurs et en suspens, comme une plume ou une feuille qui se pose puis s’élance au gré du vent. Comme une perle d’eau qui peut s’évaporer sous la chaleur ou se congeler sous le grand froid. La respiration devient lente, profonde.
L’œil est fermé ou ouvert. Le regard, tourne vers une vision ou sensation intérieure. Les sens sont à la fois passifs et actifs en fonction de l’activité qui se joue en interne et externe.
L’art et la science de l’hypnotiseur est d’intervenir au bon moment, comme la musique d’un film qui synchronise l’action à l’image, sublime les acteurs, fait monter en puissance ou diminuer notre réaction en rapport a ce théâtre de l’esprit-theatre of the mind. L’art de l’hypnotiseur c’est aussi d’établir un rapport avec son client suffisant pour connaître sa profession, son mode de fonctionnement, ses préférences.
Et c’est à Milton Erickson que l’on pense, auteur de «ma voix ira avec vous», «my voice will go with you», psychiatre américain des années 20, affublé de nombreux handicaps dès l’enfance et qui avait rendu l’hypnose partie intégrante de sa vie privée et professionnelle.
Considéré comme excentrique et farfelu, ce grand homme a secoué les dogmes établis en psychologie et psychiatrie. C’est avec lui que l’art de la métaphore pour induire une hypnose prend forme. Si vous pouvez soulever le manche, vous pouvez faire beaucoup avec le pot.